Cycle parasitaire et épidémiologie

E. multilocularis fait intervenir un cycle sylvatique dont l’hôte définitif est, dans nos régions, le renard roux (Vulpes vulpes) et les hôtes intermédiaires, des micro-rongeurs au sein desquels Arvicola terrestris et Microtus arvalis sont les espèces le plus souvent incriminées dans notre pays. Le rat musqué (une espèce exotique envahissante) semble, également, un hôte intermédiaire potentiel.

Les rongeurs se contaminent en consommant des végétaux souillés par les déjections de l’hôte définitif. Les œufs absorbés vont libérer les oncosphères qui traversent la barrière intestinale, passent dans la circulation portale avant d’atteindre le foie. A ce niveau, les métacestodes vont se développer, ce qui induit un état de faiblesse qui rend plus facile la capture des rongeurs par l’hôte définitif (carnivore), bouclant ainsi le cycle sylvatique. Les chiens et les chats peuvent être des hôtes définitifs (cycle domestique), via la consommation de proies contaminées.

 

Cycle sylvatique d’Echinococcus multilocularis (Dessin réalisé par Jessica Collard)

Plusieurs cas ont, également, été rapportés où le chien est un hôte intermédiaire, avec le développement de lésions hépatiques et pulmonaires. Chez l’homme, un des hôtes accidentels, la contamination est toujours oro-fécale. La transmission se fait via la consommation de fruits sauvages (fraises des bois, myrtilles, mûres) ou de légumes, souillés par les déjections animales. Un contact manuel direct avec le pelage ou les matières fécales des hôtes définitifs tels que le renard, le chien ou le chat est également décrit et est un facteur de risque important. Une étude réalisée en 2008 par Hanosset et coll. sur des autopsies de renards a mis en évidence une prévalence moyenne du pathogène de 25 % en Wallonie. Les incidences les plus élevées se retrouvaient dans les régions de la Lorraine Belge, les Ardennes et la région de la Fagne-Famenne-Calestienne avec, respectivement, 34 %, 41 % et 62 %.  Au cours des 30 dernières années, une augmentation marquée des populations vulpines a été enregistrée un peu partout en Europe et en Belgique. Cette augmentation peut être liée à plusieurs facteurs, comme l’éradication de la rage vulpine par vaccination orale et, par conséquent, l’arrêt du gazage des terriers, ou comme l’appropriation de nouveaux territoires de chasse en régions péri-urbaines et même urbaines. Même si, actuellement, des données récentes fiables sur les effectifs de renards en Belgique n’existent pas, on peut supposer que cette situation épidémiologique entraîne des contacts fréquents avec les animaux domestiques et leur environnement, pouvant faciliter l’émergence de l’échinococcose alvéolaire dans notre pays, vu les contacts étroits entre l’homme et les animaux de compagnie.